Adapter l'offre de services aux besoins des adolescent·e·s et jeunes en santé reproductive, une priorité pour SANSAS
31 mai 2022
SénégalMOBILISATION COMMUNAUTAIREDroits et Santé Sexuels et Reproductifs
Au Sénégal, le risque de grossesses non désirées est accentué par le manque d'accès à des informations fiables, ainsi que par des facteurs socioculturels liés aux tabous autour de la sexualité, des inégalités de genre et de la place des adolescent.e·s et jeunes dans la société. De plus, les adolescent·e·s et jeunes sont particulièrement exposé·e·s à ces risques dans beaucoup de zones urbaines et rurales, notamment à Sédhiou et Mbour du fait de l'inadaptabilité des services offerts au niveau des structures de santé. Ces facteurs limitent le pouvoir de décision des jeunes femmes et des jeunes filles, qui sont également contraintes par une offre limitée de services de santé reproductive.
Il devient donc important de mettre en place des services adaptés, répondant aux besoins spécifiques des adolescent·e·s et jeunes. Le projet SANSAS, « sunu wergu yaram sunu yite », mis en œuvre par Solthis en consortium avec ENDA Santé, Equipop, le RAES et le LARTES et financé par l'AFD, a été élaboré afin d'améliorer l'accès à des services de santé reproductive adaptés aux besoins des adolescent.e.s et jeunes au Sénégal particulièrement dans les zones de Mbour et Sédhiou.
Ainsi, près d’un cinquième, soit 18,7 % des prestataires de services en SR des communes de Mbour, Bounkiling, Goudomp et Sédhiou, estiment que les adolescent·e·s et les jeunes (A&J) ont un faible niveau de connaissances de l’existence même des services locaux de santé reproductive (SR) : 29 % chez les filles et 19,4 % chez les garçons.
Les besoins d'intervention en santé reproductive et en renforcement de capacités des prestataires de services de santé pour une prise en charge adéquate des besoins des adolescent·e·s / jeunes au sein des différents points de prestation de services sont réels selon les populations.
Ainsi une jeune fille du district sanitaire de Bounkiling explique que « les sujets de sexualité ne se discutent pas avec les personnes adultes parce que tabous, peur d'être réprimandée, ou honte d'en parler avec eux ». Un imam du département de Mbour souligne de son côté que, « pour améliorer la santé reproductive des personnes de nos communautés, il serait bien d’informer les leaders religieux comme nous pour que nous puissions en retour sensibiliser les populations lors de nos activités ».
L'amélioration de l'offre de services passe par un état des lieux et une mesure de la qualité des services disponibles pour les adolescent·e·s et jeunes. Ainsi un diagnostic participatif croisé a été conduit par les équipes médicales de Solthis. Il a permis de dresser un état des lieux des services de santé reproductive au niveau des 30 points de prestation de services (PPS) du projet à travers des visites exploratoires, des entretiens individuels et des focus groupes avec les différentes parties prenantes.
La mesure du score qualité des services SSRAJ, fait selon les normes de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a montré que seuls 13 % des PPS à Mbour et 20 % des PPS à Sédhiou fournissent des services d'information, de conseil, de santé et bien-être sexuels aux adolescent·e·s et jeunes de ces zones. Et qu'aucun de ces PPS ne propose des services d'éducation sexuelle complète pour les adolescent·e·s et jeunes.
« Les professionnel·le·s de santé ont souvent des conflits de valeurs », souligne une sage-femme impliquée dans le projet SANSAS à Mbour. « Ils/elles sont conservateur·trice·s, et du coup ils/elles ont plus du mal à parler de sexualité avec les jeunes, et peuvent avoir besoin d’une formation spécifique à ce sujet. Ils/elles peuvent avoir du mal à concevoir la sexualité pour un·e jeune non marié·e. Ainsi, SANSAS travaille beaucoup sur le renforcement de capacité de ces professionnel·le·s de santé à travers des séances de coaching. »
