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Rencontre avec la Dr Gabrièle Laborde-Balen, anthropologue

14 février 2024 |  Infos

CAMEROUNSénégal

Rencontre avec Dr Gabrièle Laborde-Balen 

Anthropologue de la santé, la Dr Gabrièle Laborde-Balen travaille depuis plus de 20 ans en Afrique de l'Ouest et du Centre, essentiellement au Cameroun et au Sénégal. Chercheure associée à l'unité TransVIHMI de l'IRD, ses thématiques de recherche portent sur les vulnérabilités liées au VIH :  VIH pédiatrique, hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes et personnes âgées vivant avec le VIH. Elle témoigne de son expérience d'experte dans la mise en œuvre de notre assistance technique à l'analyse situationnelle de la prise en charge pédiatrique du VIH au Cameroun. 

 

 

  • Pouvez-vous nous présenter vos liens avec Solthis ?   

Je côtoie les équipes de Solthis depuis de nombreuses années. J'ai eu l'occasion de collaborer avec le Dr Guillaume Breton d'abord sur des formations puis sur différents projets : AirPOP et IPOP en Guinée, ECOVAM et COVACOM au Niger et au Mali. En 2023, j'ai participé en tant qu'experte internationale à « l'Analyse situationnelle de la prise en charge du VIH pédiatrique au Cameroun », financée par Expertise France, avec mon collègue Guy Christian Fako Henji.  

 

 

  • Quelques mots sur la méthodologie de l'étude ? 

La méthodologie de l'étude était double : pour la partie quantitative, mes collègues Guillaume Breton et Guy Christian Fako Hendji ont réalisé les principales analyses à partir d'un audit national mené dans 448 formations sanitaires des 10 régions du Cameroun. En tant qu'anthropologue, j'ai mené une étude qualitative complémentaire par des entretiens et des observations dans des sites de prise en charge et auprès de soignant·e·s, d'acteurs institutionnels et d'associations.   

 

  • Quels étaient les acteur·rice·s impliqué·e·s dans l'étude ?  

L'étude a été menée en collaboration avec le Comité national de lutte contre le sida (CNLS) et les directions concernées du ministère de la Santé. Elle a recueilli les données d'environ 19 000 enfants et adolescent·e·s vivant avec le VIH. L'étude qualitative a permis de rencontrer des soignant·e·s et des acteur·rice·s sociaux·ales dans quatre formations sanitaires de Yaoundé et Bafia, des acteurs institutionnels, des ONG mais aussi des associations et notamment des associations de jeunes vivant avec le VIH, le RECAJ+ et l'APEV.  

 

  • Comment l'approche genre a-t-elle été intégrée dans notre étude ?  

La thématique du genre est ressortie au travers des résultats des deux études, quantitative et qualitative. Elles ont montré une vulnérabilité particulière des adolescentes, notamment au moment de l'entrée dans la sexualité. Nous avons proposé de renforcer les interventions en matière de santé sexuelle et reproductive (SSR) mais également l'accès à l'information, aux préservatifs et à la contraception, trop souvent réservée aux femmes mariées.  

 

  • A quelle.s problématique.s répondait.ent l'assistance technique et quel a été le l'appui apporté ?  

L'efficacité des antirétroviraux a permis de réduire considérablement la morbi-mortalité liée au sida au cours des dernières décennies. Néanmoins chez les enfants et les adolescent·e·s, les difficultés persistent, notamment en Afrique. Au Cameroun, malgré d'importants progrès réalisés sur le plan de la prévention et de la prise en charge, seul un tiers des 50 000 enfants et adolescent·e·s vivant avec le VIH sont dépisté·e·s et reçoivent un traitement ARV. Face aux défis relevés par le Plan stratégique national de lutte contre le sida, les autorités de santé du Cameroun ont demandé à Expertise France via l'Initiative la réalisation d'une analyse situationnelle de la prise en charge pédiatrique pour déterminer les freins à l'accès aux soins et les obstacles socio-culturels afin d'identifier des secteurs prioritaires d'intervention. C'est dans ce cadre que l'étude de Solthis a été réalisée. 

 

  • Sur cette AT, quels sont les principaux résultats de l'analyse situationnelle ? Les lacunes ainsi que les pistes d'amélioration ?  

Les résultats de l'étude montrent une transition effective au Dolutégravir (DTG) et un taux satisfaisant de contrôle virologique mais avec d'importantes disparités : les plus jeunes ont un accès encore limité au DTG 10. Les sites de petite taille et de niveau périphérique ont un moindre accès au DTG et à la mesure de la charge virale. L'étude montre aussi une vulnérabilité des jeunes filles, plus souvent contaminées par le VIH que les garçons de la même tranche d'âge, par transmission sexuelle.  

L'étude qualitative révèle un ensemble d'obstacles structurels et sociaux : l'insuffisance et le turn-over des personnels soignants, les ruptures d'ARV pédiatriques, l'absence de dispositif pour la transition des adolescent·e·s vers les services adultes, les difficultés d'observance aux traitements et d'entrée dans la sexualité des adolescents vivant avec le VIH (surtout les jeunes filles), les faibles ressources économiques des familles et la stigmatisation persistante vis-à-vis du VIH.  

Des pistes d'intervention prioritaires sont proposées : le renforcement des structures de tailles modestes et périphériques, la poursuite de l'accès au DTG pédiatrique, la mise en œuvre de programmes de santé sexuelle en particulier d'accès aux préservatifs et aux contraceptifs, le soutien aux familles et l'intensification de la lutte contre la stigmatisation surtout en zone rurale.  

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