ÉVALUATION À MI-PARCOURS DU PROJET YA FOHI

La Côte d’Ivoire demeure l’un des pays les plus touchés d’Afrique de l’Ouest par l’épidémie de VIH/Sida, avec un taux de prévalence estimé à 1,82 % (Spectrum 2023). L’épidémie reste concentrée au sein des populations hautement vulnérables (PHV), notamment les personnes usagères de drogues (PUD), chez qui la prévalence atteint 6,60 %. À Abidjan, elle s’élève à 5,4 %, contre 3,8 % à Bouaké et San Pedro. La prévalence de la TB est, quant à elle, 50 fois plus élevée chez les PUD que dans la population générale, atteignant 9,8 % contre 0,2 %. Le traitement antituberculeux, long et contraignant, est souvent mal suivi, avec un taux élevé de perdus de vue au sein de cette population. Les femmes usagères de drogues cumulent plusieurs facteurs de vulnérabilité et subissent une stigmatisation et une discrimination accrues. Bien qu’elles ne représentent que 10 % des PUD estimés en Côte d’Ivoire, elles concentrent 26,5 % des cas de séropositivité au VIH, illustrant leur exposition disproportionnée aux risques et aux inégalités d’accès aux soins. 

Créée en octobre 2004, EC est née de l’initiative du personnel de la Clinique de Confiance (CdeC) et de personnes engagées dans la lutte contre le VIH, dont certaines directement affectées ou stigmatisées par l’épidémie. Depuis janvier 2015, EC collabore avec Médecins du Monde (MdM) dans le cadre d’un projet de RdR visant à améliorer l’accès aux soins des PUD à Abidjan, notamment à travers l’introduction du traitement de substitution aux opiacés (TSO). Le projet initial Ya Pas Drap, porté dès 2015 par MdM en partenariat avec EC, a contribué à une réduction significative de la prévalence du VIH chez les PUD à Abidjan, passant de 9,8 % en 2014 à 3,4 % en 2020. Dans sa troisième phase (2021–2023), le projet YA FOHI a visé non seulement à consolider les acquis à Abidjan, mais aussi à étendre l’intervention à de nouvelles villes de Côte d’Ivoire : Bouaké et San Pedro. 

À mi-parcours de sa mise en œuvre, le projet YA FOHI a déjà enregistré des avancées notables, tout en se heurtant à plusieurs défis pour la suite. Dans ce contexte, l’évaluation intermédiaire constitue une étape stratégique du cycle de vie du projet. Elle répond à une exigence de redevabilité envers le bailleur principal, L’Initiative, tout en offrant une opportunité d’orientation et d’optimisation de la deuxième phase de mise en œuvre. Cette évaluation représente également une occasion de capitalisation et d’apprentissage collectif, mais aussi de plaidoyer et de consolidation des partenariats, dans un contexte marqué par la raréfaction des ressources disponibles.