Depuis mon adolescence, j’ai vu des membres de ma famille mourir du VIH dans les années 1990, sans qu’on ne puisse rien faire. À l’époque, le VIH, c’était la mort assurée. Ça m’a marqué à vie. Je me suis dit : je veux devenir médecin pour que les gens puissent vivre avec cette maladie, pour accompagner ceux que le système oublie. Aujourd’hui, je suis médecin au centre de santé de Kindia, à 135 km de Conakry. Ici, je prends en charge les populations les plus vulnérables : les travailleuses du sexe, souvent mineures, les hommes ayant des rapports avec des hommes, tous ceux que la société rejette. La police les persécute, leur famille les abandonnent. Mon rôle, c’est d’être là, de les écouter, de les accompagner dans leur vulnérabilité.
Il y a eu cette patiente que je suivais depuis longtemps pour le VIH. Quand le projet SUCCESS II de Solthis a commencé, je l’ai invitée à faire un dépistage gratuit du cancer du col. Elle était positive, mais à un stade trop avancé. Ça m’a profondément affecté. J’ai réalisé que je m’étais concentré sur le VIH, mais pas assez sur le cancer du col. Grâce à la formation de Solthis, j’ai pu intégrer ce dépistage et ce traitement dans mon centre. Depuis mars, on a dépisté plus de 250 femmes, et celles qui avaient des lésions précancéreuses ont pu être traitées. Avant, ce traitement coûtait entre 10 000 et 15 000 GNF (1 à 1,5 euro) par mois. Maintenant, il est gratuit. Pour ces femmes, c’est une bouée de sauvetage. Elles n’ont plus à mourir de cette maladie.
