Rencontre avec Salamatu Jawara, infirmière conseillère VIH en Sierra Leone

04.12.2025
VIH/SIDA Sierra Leone

Salamatu Jawara est infirmière conseillère VIH à Freetown, en Sierra Leone. Formée par Solthis dans le cadre du projet IMPAACT4HIV, elle nous présente l’origine de sa vocation et son quotidien de soignante.

Depuis mon enfance, je rêvais de devenir médecin. Pour la « African Child Day » à l’école, ma mère m’habillait en blouse blanche et je jouais à soigner des patients. J’ai étudié dur les sciences, mais à la fin du secondaire, ma famille n’avait pas les moyens de payer l’université. J’ai dû me marier jeune, à 20 ans. Heureusement, mon mari était instruit et a soutenu ma passion. Bien qu’il ne puisse pas financer des études de médecine, il m’a encouragée à me former comme conseillère en VIH. J’ai commencé comme bénévole, puis j’ai gravi les échelons – j’ai même étudié trois ans de plus pour devenir infirmière.

Chaque jour, je m’occupe de personnes vivant avec le VIH : des femmes, des enfants, des mères enceintes. Je leur donne mon numéro. Elles m’appellent la nuit, et je réponds. Beaucoup luttent contre la stigmatisation ; elles ont peur de venir au centre, de croiser un visage connu. Je leur dis : « Ce n’est pas de votre faute. Prenez vos médicaments, et vous pourrez mener une vie saine. » Aux mères enceintes, j’explique comment le traitement protège leurs bébés. Quand une maman apprend que son enfant est séronégatif grâce à son assiduité, son soulagement est indescriptible.

Une fois, le mari d’une patiente refusait de se faire dépister et ne voulait pas qu’elle prenne ses traitements. Je lui ai conseillé : « La prochaine fois qu’il est malade, même pour une simple fièvre, amenez-le. » Quand il est venu, je les ai testés tous les deux. Maintenant, ils prennent leurs médicaments ensemble – plus besoin de se cacher, plus de honte.

Solthis m’a formée à la prise en charge du VIH avancé, l’une des principales causes de mortalité chez nos patients. Avant, nous manquions de connaissances pour les soigner, et d’outils pour les diagnostiquer. Aujourd’hui, nous savons reconnaître les symptômes, nous avons les tests de dépistage et les compétences pour les prendre en charge. Nous sauvons des vies.

Ce travail, c’est ma vie et j’adore ce métier. Je ne peux pas rester sans rien faire : mes patients ont besoin de moi. Si je ne suis pas là, une vie peut être en danger.