Rencontre avec Dieye Sokhna Babou, cheffe sage-femme à Popenguine, Sénégal

22.12.2025
DSSR Santé ado-jeunes Senegal

Moi, petite, j’ai toujours voulu être dans la médecine. « Qu’est-ce que tu veux faire ? » – « Docteure ! » C’était une passion. Après mon BAC, j’ai fait d’autres formations, même major en déclarant en douane, mais ce n’était pas moi. Après mon mariage, j’ai tout arrêté pour faire sage-femme d’État. Trois ans de formation, c’était difficile, j’avais déjà deux enfants, mais un mari qui m’a soutenue.

Mon premier poste ? La brousse dans le district de Nioro, dans la région de Kaolack. Pas d’électricité, pas de routes, rien. J’y suis allée avec mes jumeaux de trois mois. J’étais la seule sage-femme sur place. Je faisais tout : consultations pour tous, maternité, vaccinations. Je me déplaçais en moto, en charrette pour atteindre ceux qui ne pouvaient pas venir. Au début, c’était dur, mais quand j’arrivais à les soigner, j’étais fière ! J’ai appris à connaître la population, leur dialecte… et petit à petit, c’est devenu plus facile.

Avec Solthis, la formation SANSAS m’a marquée. Avant, on avait des biais, des jugements sur les jeunes qui venaient nous voir. Maintenant, on cherche à comprendre leurs besoins réels, ce qu’elles ne disent pas. Une jeune fille vient pour des douleurs ou une IST, mais, en creusant, on découvre que ce qu’elle veut vraiment, c’est de la planification familiale. On travaille aussi beaucoup avec les tantes « Bajan », des femmes choisies par les membres de la communauté, qui font passer nos messages de sensibilisation. Ces formations m’ont aidée même dans ma vie personnelle : écouter au-delà des mots.

Ce qui me motive ? Aider. Quand une femme accouche, j’aime la caresser, la rassurer, qu’elle oublie la douleur qu’elle subit – la faire sourire, être avec elle. Quand j’étais à Kaolack, je dansais, je chantais, pour qu’elles oublient la douleur.  C’est ça, être sage-femme : partager, rassurer, sauver des vies.